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ix
préface

riences, dernière rançon de sa jeunesse ; que les chercheurs de formes rigides ne trouvent à redire à la franche liberté de quelques-uns de ses rythmes. Mais s’il faut admirer le relief sculptural des strophes parnassiennes, est-ce notre faute si ces poèmes impeccables nous font penser parfois au Génie de la mort de Canova : magnifique splendeur marmoréenne qui s’appuie sur une lumière éteinte ? Le culte des règles et la perfection de la technique sont des vertus de l’art. Mais c’est une autre vertu et c’en est une plus grande, que l’adaptation exacte du verbe et du vers à la plénitude de la pensée et à ses courbes indéfinies. La poésie est faite avant tout de valeurs intellectuelles. Et qui donc voudrait faire un reproche à Mademoiselle Lamontagne d’en être persuadée et de s’en souvenir ?

Faire tenir dans un recueil de poèmes, avec l’élan mystique de notre foi, la beauté de la terre natale et la substance héroïque du passé, et faire chanter toutes ces choses dans les rythmes ailés du vers français, voilà, si je ne me trompe, qui serait assurément de la grande poésie. Et, pour ma part, je ne veux nullement prétendre que Mademoiselle Lamontagne ait atteint le Saint-Graal. Mais mieux que d’autres peut-être elle a su rester digne de sa foi et de son petit pays et faire de son œuvre le prolongement loyal de son âme. Ainsi, sans l’avoir voulu ni cherché, la jeune poétesse, avec ce mélange de mysticisme et de réalisme national, nous aura précisé la