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viii
préface

Elle chante la mer, les bois, les fiers ancêtres, mais elle fredonne aussi les complaintes mélancoliques du petit pêcheur gaspésien ; elle entonne la rude chanson du défricheur dont la cognée fait entrer de grands morceaux d’azur dans la forêt envahie.

Je songe à la révélation réconfortante que ces petits poèmes vont nous donner. Nous croyions que le spectacle de nos mœurs anciennes s’était effacé pour toujours et de partout, sous l’affreux maquillage moderne, et que les jeunes viendraient trop tard pour nous en laisser le tableau vivant. C’était presque une résignation acceptée qu’il fallait attendre, de l’étranger, la découverte et la mise en valeur de nos meilleures ressources d’art. Mademoiselle Lamontagne a ce bonheur de vivre dans une région enclose, gardienne mieux que la nôtre des vieilles choses et des vieilles attitudes. Et voilà que son œuvre n’ira pas seulement dévoiler au dehors l’inconnu poétique de notre pays ; elle nous révèle à nous-mêmes la réalité naissante d’un régionalisme savoureux.

Ces nouveaux poèmes sont d’une autre gamme que ceux des Visions Gaspésiennes ; et ils affirment l’ascension d’un talent. Voyons-y la fécondité généreuse d’affinités électives entre nos âmes et la terre natale. Nous aurons beau faire : ceux-là créeront la beauté mieux que les autres, qui auront fait des vertus de la patrie, les grandes éducatrices de leur talent. Je ne doute point que les critiques ne signalent à l’auteur quelques inexpé-