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Ici, entre des peupliers aux feuilles doublées d’argent, des hêtres au feuillage rosé, et des sapins aux tiges sombres, ici coule un petit ruisseau qui chante adorablement. Ses bords sont couverts de fougère sauvages, de mouron, de boutons d’or, mêlés au foin vert en fleurs. On y voit des grottes minuscules, des cavernes profondes où vit le peuple remuant des hannetons et des fourmis. Les hirondelles y font aussi leur nid. Le bout de leurs ailes ride parfois d’une ombre grise le miroir de l’eau. Des gouttelettes retombent dans l’air, comme des perles, et l’oiseau disparaît au sein du feuillage tranquille.

Le petit ruisseau coule dans le silence, qui est grand comme l’horizon. Les montagnes se recouvrent d’un manteau violet. Le vent, doux et léger, m’apporte les notes d’un angélus lointain et ma pensée se disperse sur la plaine avec la fumée d’une maisonnette que je vois dans les champs voisins.

Ô pauvre et séduisante maisonnette des champs ! Je n’ai rien vu de plus beau que toi, humble maison, ornée ce soir des gloires du couchant !

Sur le pas de la porte, le colon s’attarde