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pour respirer l’air des montagnes et voir un peu quel temps il va faire demain. Au firmament, des nuages qui ressemblent à des voiles, passent avec d’autres nuages qui ressemblent à des îles. Des fleuves d’azur, des abîmes de lumière s’éternisent encore au sein des brumes du soir. Des mains qu’on ne voit pas referment doucement les volets, car la brise va devenir fraîche. Des enfants jouent dans l’herbe avec leur chien. Un habitant revient des champs suivi de ses bœufs. Les sonnailles des vaches tintent dans les plis du vallon. Une pénétrante odeur de foins coupés monte dans l’air avec cette étrange et forte senteur que dégagent les plantes vénéneuses des savanes.

C’est la paix, une paix sans bornes, une paix sans mélange que nulle agitation ne vient troubler. Ici, les heures coulent sans bruit, sans entrave, toujours pareilles à elles-mêmes, comme le murmure de l’eau vive sous les feuilles, comme le chant de l’oiseau dans les branches… Ailleurs aussi, en d’autres coins du monde, la brise est douce, le soir est beau. Le couchant dore aussi d’autres maisonnettes, humbles et joyeuses. D’autres êtres vivent ailleurs,