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de ses mains gisait à terre dans l’herbe. Je l’ai ramassée pour la faire sécher. Je la garderai dans mon coffre aux souvenirs.

J’y trouvai aussi des violettes. Elles meurent une à une comme mourront en moi les folles visions de splendeur entrevues.

Jamais je n’ai vu la forêt aussi attirante que ce soir. Ô forêt, tu étais si belle que j’en fus émue jusqu’aux larmes. Ô mon amie, tu as voulu te montrer à moi dans toute ta beauté afin de me retenir dans mon pays !

Les chênes aux longues branches penchaient légèrement sous l’haleine du vent, les flèches des sapins brillaient comme de vertes étoiles, et toutes les petites sources chantaient dans l’ombre. Et les petites mousses ignorées, et toutes les feuilles, toutes ces fleurs obscures qui renaissent à mesure qu’on les coupe ou qu’on les écrase, la menthe, la gentiane, la verveine, le sainfoin, le coquelicot, l’anémone, l’herbe à mille feuilles, le bouton d’or, la collerette et la camomille, toutes me souriaient, toutes me regardaient !

Et la lune blanche marchait à pas de velours sur les herbes, y laissant de grandes ombres lumineuses…

Les bois étaient remplis de quelque chose d’indéfinissable et de divin…