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Les Vieux


La petite rivière coulait en scintillant au pied des coteaux veloutés. L’air était doux, le ciel était pur et l’oiseau chantait à pleine voix…

C’était hier, un jour superbe. Bien peu après midi, je vis arriver ma voisine, conduisant elle-même son cheval. Car j’ai maintenant une voisine. Une voisine qui est à vingt arpents, c’est une aubaine quand on vit en plein bois !… Donc, j’ai une voisine. C’est une jeune femme, illettrée comme son mari d’ailleurs, mais elle est intelligente et bonne. Nous nous entendons bien ensemble Plus fortunés que nous, ils ont un cheval et une voiture d’été, — un quatre-roues non couvert — ainsi qu’une voiture d’hiver qu’on appelle un « traîneau ». Sa mère, une bonne vieille encore robuste, garde les petits, et Marie-Jeanne parfois m’emmène avec elle, soit à l’église, soit au magasin du faubourg.