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devant l’autre, à travers le petit bois sombre qui les sépare du village. La neige fraîchement tombée cache les petits sentiers bien connus. La marche est difficile dans ce fouillis de branches sèches entremêlées les unes aux autres. Mais, cependant, elles avancent peu à peu. Un pas après un pas, une côte après une côte. La pauvre vieille se sent un courage jusque là inconnu. Dans les éclaircies, elle voit déjà les lueurs des cierges, et elle croit entendre le bruit soyeux d’une légion d’ailes d’anges. Des sons de cloches, des bribes de cantiques lui viennent de partout.

Il est né Le Divin Enfant
Jouez hautbois, résonnez musettes…

Déjà elle est ravie de joie, elle est tout près de pleurer d’attendrissement. Elle croit reconnaître là-bas la voix des chantres accompagnée des orgues harmonieuses chantant le

Venez Divin Messie…

Mais, parfois, ses jambes, pesamment et grossièrement vêtues, enfoncent dans la neige meuble. Ses membres engourdis et sans force peuvent à peine se tirer de ces trous. Hélas ! le temps coule sur elle sans qu’elle en ait conscience. Et le petit bois