Page:Lamontagne-Beauregard - Légendes gaspésiennes, 1927.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
LÉGENDES GASPÉSIENNES.

des bâtiments, se ressemblaient toutes par la forme ; certaines différaient par les voiles. Ces voiles étaient de différente teinte, les unes unies et grises, les autres rapiécées de toile disparate, offrant le spectacle le plus pittoresque… Un air salin, pesant, mêlé d’odeurs de varech soufflait toujours dans cet horizon que de nombreux goélands rayaient de leurs ailes d’argent. Sur la grève, des herbes longues et salées, rudes au toucher et à l’œil, poussaient par touffes, en sauvages bouquets…

Baptiste Lefrançois revenait tous les soirs de la pêche avec son fils Ivon. Ils rapportaient sur leur dos lignes et filets. Du pas lourd mais sûr des marins, ils s’en allaient vers la pauvre maison où toute la famille les attendait. C’était une maisonnette basse, aux vitres enfumées, où il fallait allumer la lampe avant le soir. Des poutres inégales soutenaient le plafond. Une grande table de bois brut se tenait près d’une très petite fenêtre, et le mur mal joint était couvert de linges suspendus à des clous, d’habits noirs suintant le sel, de fusils et de fanaux rouil-