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IVON LEFRANÇOIS.

lés. Une forte odeur de saumure se dégageait de toutes ces choses.

Quand ils étaient affamés ils se mettaient à table et mangeaient. Ensuite, ils allaient préparer la morue pour la vendre. La masse de poissons aux claires écailles était jetée sur le sable. Cela faisait une chose brillante comme du soleil lointain, comme des feux de lune sur la vague… Les enfants et les femmes venaient à leur aide. Les morues, une par une, étaient ouvertes, vidées, lavées. Puis, quand tout était fini, Ivon chargeait les paniers et les portait chez le marchand pour les vendre.

Ce marchand se nommait Levac. Il était veuf et n’avait qu’une fille qu’on appelait la Louise. C’était une jolie brune qui frisait la trentaine. Courte, de bonne taille, vive et légère, elle allait et venait aux côtés de son père, en souriant d’un sourire éternel. Ses yeux étaient vifs, et sa voix, pleine de douceur et de souplesse, avait un charme incomparable. C’était la demoiselle du village, la seule femme pour laquelle les pêcheurs enlevaient leur chapeau en