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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

mêmes craignaient de le rencontrer. Tous le fuyaient avec effroi. On le surnomma le Maudit.

Or, un jour que, dans la Forêt Noire, il égorgeait un loup, il fut mordu si cruellement par la pauvre bête qu’il lui échappa des hurlements de rage. Il essaya de fermer la plaie béante, mais la douleur le fit crier davantage. Alors comme le sang coulait toujours, il tomba épuisé sur le sol. Il se releva après mille efforts, et parvint à se traîner au bord de la route, où il espérait recevoir du secours. Ce fut son père qui, le premier passa par là ! Il le souleva avec précaution et l’emmena à la maison où tous s’empressèrent auprès de lui. Sa mère mourante reposait dans son lit. Avec quelle émotion elle le revit !… Sur le visage du Maudit chacun épiait les signes du repentir. Mais son cœur paraissait endurci pour toujours… Il regarda sa mère avec froideur, et des éclairs sauvages passaient au fond de ses yeux…

La terre était toute blanche de neige. Noël approchait. Les toits et les cheminées, d’une blancheur immaculée,