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Page:Lamontagne-Beauregard - Légendes gaspésiennes, 1927.djvu/89

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LE MAUDIT.

brillaient sous le ciel clair, et le clocher de l’église s’élevait comme un doigt divin levé dans la nuit…

Le Maudit ne guérissait pas. Sa blessure encore ouverte, le tenait faible et sombre. Sa mère mourante avait dit — « Qu’on l’emmène à la messe de minuit, et que Dieu nous vienne en aide ! »

La lune se leva, douce et pure, sur les toits dentelés du village, et les cloches sonnant à toute volée annonçaient la sainte nouvelle. Le Divin Enfant est né ! Tous les cœurs battaient de joie, et, comme les Mages portant jadis l’or et l’encens, ils allèrent tous, les humbles et les riches, l’âme pleine de leur allégresse, ils allèrent tous s’agenouiller près de la crèche. Le Maudit, emmené sur un brancard, s’était assis indolent, parmi les fidèles.

L’autel ruisselait de pierreries et de lumières, et l’enfant Jésus, couché sur la paille, auprès de saint Joseph et de sa mère, souriait… Oh ! de quelle douceur était fait votre sourire, adorable petit enfant ! Quel souffle de bonté, de pardon, s’échappa de vos merveil-