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Page:Lamontagne-Beauregard - Légendes gaspésiennes, 1927.djvu/90

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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

leuses lèvres ? Quel miracle prodigieux sortit de vos fragiles mains ? Le Maudit regardait, écoutait, et tremblait… Le vieil orgue dont la voix avait charmé des générations, faisait résonner les glorieux cantiques, expression de la foi vivante depuis des siècles… Et les fidèles, remplis de saisissement, adoraient et priaient…

Alors, du fond du passé lointain où la multitude des ancêtres sommeille dans l’ombre, les mystérieuses puissances de la foi surgirent. Elle envahirent l’âme sauvage du Maudit… Subjugué par la beauté de ce mystère enchanteur, il tomba à genoux, courbé jusqu’à terre… Le voile obscur tomba de ses yeux, la lumière se fit en lui, et brûlé de honte et de remords, il pleura abondamment, il versa un torrent de larmes…

Une joie délirante s’empara de la foule : les fidèles sortirent en chantant le Te Deum. Et longtemps après que les cierges se furent éteints, que les fumées de l’encens se furent évanouies, on pouvait voir encore à la lueur de la faible lampe de sanctuaire, entre Jo-