Page:Lamontagne-Beauregard - La moisson nouvelle, 1926.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
70
LA MOISSON NOUVELLE


Je voyais, dans la vague et lointaine nuée,
Le sauvage surgir, féroce et rugissant.
Je voyais, des forêts sanglantes, la ruée
D’où sortent la détresse et les horreurs du sang.

Et j’eus la vision des tâches surhumaines,
Des efforts impuissants, du rigide devoir
Qui, pesant quelquefois sur les âmes sereines,
Met en elles le spectre affreux du désespoir…

Qu’importe ! me disais-je. Une fille de France
Doit prendre dans son cœur les maux de l’univers !…
Or, Montréal souffrait : Je vins vers sa souffrance ;
Je bravai les périls, les combats, les revers.