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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

cher[1], et le baron se retira pour laisser reposer son hôte. Mais le sommeil fuyait les yeux du beau chevalier ; l’image de la jeune Sancie se retraçait vivement dans son imagination. Il voyait son sourire, il entendait sa voix argentine, et se répétait à lui-même les mots qu’elle avait prononcés, et que sa mémoire, sans efforts, avait retenus.

Sancie, de son côté, n’était guère plus tranquille ; son jeune cœur, ému pour la première fois, battait avec force au nom de Didier, qu’elle répétait avec délice. Son existence, jusqu’alors uniforme, prenait une nouvelle vie ; les prestiges séducteurs des premières illusions de l’amour se présen-

  1. Lorsqu’on recevait un étranger de distinction, on avait coutume de lui présenter, au moment où il allait se coucher, un verre de vin chaud, ou d’hypocras, que l’on partageait avec lui. Cet usage existe encore dans quelques provinces méridionales.