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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

château. C’étaient le même choix d’étoffe, les mêmes bijoux, la même coupe de robe ; tout offrait à sa mémoire l’original du portrait, hors le visage couvert du voile mystérieux. Cette ressemblance extraordinaire troubla Annunziata, et lui inspira une terreur qui ne pouvait échapper à l’inconnue. Celle-ci continuait à marcher d’un pas grave, tandis que le soleil commençait à descendre derrière les montagnes alpines, et que les ombres de la nuit couvraient déjà la profondeur des vallées. C’était le moment qui jette sur tous les objets une clarté indécise et mystérieuse ; où les troncs des arbres flétris s’élèvent comme des spectres gigantesques, où les rochers apparaissent sous des formes menaçantes, et où souvent l’imagination, avec une simple touffe de genêt, crée l’apparence d’un malin démon des bois.

Annunziata aurait voulu pour tout au