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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

monde être dans le château de son père, sous la protection de ses nombreux serviteurs, ou mieux encore sous celle de la vaillante épée de son noble amant ; mais elle était seule, et, se confiant en sa simple innocence, elle se leva, et attendit ce qui allait advenir d’une visite aussi extraordinaire.

L’inconnue atteignit enfin le berceau de verdure ; plusieurs sièges de marbre et de gazon le garnissaient. Elle s’assit en silence sur l’un d’eux, et faisant un geste, comme pour inviter la signorina à imiter son exemple, elle prit enfin la parole.

« Je vous fais peur ! » dit-elle.

« J’ignore qui vous êtes, madame, » répondit Annunziata.

« Qui je suis ? la terre peut à peine le dire, car mon nom est mort dans le souvenir de tous ceux qui existent : le bronze même de