Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

de leur famille, et tous ont été impitoyablement repoussés.

— Eh bien ! montrez-moi vos traits, et faites-moi connaître ce sacrifice !

— Vous serez satisfaite, ma fille… »

Et le voile écarté tomba sur le côté…

Annunziata vit avec une terreur sans égale, non un visage humain, mais celui de la Comtesse Ottavia dont elle avait contemplé le portrait une heure auparavant dans la grande salle du château : c’étaient sa maigre taille, ses traits immobiles et aplatis, malgré l’ombre factice qui les relevait dans le cadre ; des yeux expressifs et sans mouvement, des joues sans feu, des lèvres qui restaient plissées et immobiles, d’où sortaient des paroles ; et en un mot, c’était la vision la plus épouvantable que les regards d’un être vivant pussent soutenir. La comtesse Ottavia, après quelques minutes, replaça lentement son