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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

Lui, plein de vie, voyait la mort prête à le saisir, sans savoir sous quel aspect elle lui apparaîtrait. Toutes les chimères qu’il s’était plu tant de fois à créer s’envolaient en quelque sorte une à une, et ne laissaient derrière elles qu’un abîme menaçant qui déjà s’ouvrait pour l’engloutir. Ses beaux yeux perdaient insensiblement leur éclat ; ses joues si brillantes devenaient ternes : c’était comme un essai de décomposition que la mort faisait sur ce jeune et bel adolescent.

Une bouche indiscrète vint révéler l’état du jeune Guidi à Annunziata ; elle demanda deux fois à voir son frère ; mais, craignant les tristes conséquences qui pouvaient en résulter pour sa vive sensibilité, on s’opposa à son désir. On lui dit que son père pouvait se tromper dans son pronostic, qu’il était possible d’ailleurs que Dieu se laissât fléchir par les prières qui allaient être faites dans