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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

veilles, on ne les écouta pas ; en vain des escamoteurs, joueurs de tours de gibecières, essayèrent d’égayer les convives avec le même succès qu’ils avaient eu la veille, on ne daigna pas faire attention à eux ; la somptuosité du service resta inaperçue, toute l’assemblée n’avait des yeux que pour examiner l’inconnu ; il se tenait gravement à sa place sans manger, et sans servir personne, on eût dit une statue, tant il était inanimé ; il n’y avait que ses yeux qui lançaient des flammes. Le marquis se promenait de long en large, à grands pas, sans s’apercevoir de ce qui se passait autour de lui.

Vers le milieu du souper, le son du cor qu’on avait déjà ouï se fit entendre une troisième fois ; le marquis s’approcha de l’inconnu, sa figure était bouleversée. L’inconnu, au contraire, affectant un calme plus grand,