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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

Le signor, soumis, à ce qu’il disait, à un régime sévère, demanda que, pendant la journée suivante, on portât dans sa chambre des fruits, de l’eau et une jatte de bouillon : ce fut toute sa nourriture ; et il refusa soit à dîner, soit à souper, ce qu’on lui offrit encore. Sa conversation était grave et briève ; il parlait peu, avec difficulté, et si son amabilité ne se montrait guère, on n’en était pas refait par l’agrément de ses traits ; devenu plus hideux depuis qu’un seul œil avait vie au milieu de l’immobilité du reste de sa physionomie.

Certes ce n’était pas cet homme que le marquis del Val di Torre avait peint sous des couleurs si gracieuses. On ne pouvait s’imaginer qu’il se fût trompé ainsi, et l’on finit par croire qu’il s’était sans doute diverti à mander une contre-vérité. Plusieurs jours s’écoulèrent ; la maladie de signor Alterno lui ser-