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souvenirs d’un fantôme.

plai la nature dans sa magnificence ; il y avait en moi des serrements de cœur, des étouffements involontaires ; j’avais peine à dérober mes larmes.

Je n’étais pas à ma place, la mienne me semblait dans la vallée à y garder les troupeaux sur la colline, à poursuivre les loups dans les taillis avec une jeune fille. Vrai, je me déplaisais au couvent… En sortir, c’était impossible : où ne m’aurait atteint le puissant abbé de Grandselve ?… Il fallait donc ronger mon frein, végéter en moine… Boire, manger, réciter l’office, dormir, était-ce là vivre ? je le demande à ceux qui ont vécu…

J’écrivais donc de mon mieux et à mon grand chagrin, lorsque des pas précipités se firent entendre ; une cloche sonna et le frère cellerier du couvent arriva tout essouflé.

« Père révérend, dit-il, un fléau nous frappe ; le brigand Joachim le mal-pendu