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Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/308

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souvenirs d’un fantôme

fer, un jarret infatigable ; j’étais leste à la course, dur au mal, sans souci ; je ne manquais pas de courage. J’aurais été un méchant moine, je devins un voleur renommé, non pas tout d’un coup ; voici comment advint la chose, vous la saurez s’il vous plaît de m’écouter : or le voleur continua.

Je venais d’atteindre ma quinzième année ; j’étais dans la chambre du damp abbé, travaillant à copier un antiphonaire ; j’en bâillais, mais c’était mon devoir ; la journée était radieuse ; il y avait dans le ciel des vapeurs brillantes chaudement colorées, et des contrastes admirables avec le vert de la pelouse si tendre et si bien diaprée de fleurs joliettes, mignardes et parfumées, et avec celui plus sombre de la vaste forêt de Grandselve, que j’en étais comme extasié ; lorsque, levant les yeux de dessus le parchemin que je couvrais de lettres d’argent ou d’or, je contem-