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souvenirs d’un fantôme

curiosité et me porter à saisir des occasions de me rapprocher du bon voleur. Je ne dormis pas de toute cette nuit, tant je pensai à cet homme terrible : il m’apparaissait et m’enlevait dans ses bras, ou bien il m’appelait, et, pour lui obéir, j’escaladais les murs du monastère, et puis je courais à sa suite dans les vastes forêts, dans les campagnes ; je prenais part à ses pillages, à ses combats, à ses débauches, je me rendais son émule ; je souffrais, sans doute, mais j’étais heureux, j’avais ma liberté.

La cloche des matines me retira de ce cauchemar agréable, je me vêtis lentement, je fus tristement à l’office. Mes regards étaient attachés sans cesse vers une croisée basse de l’église, je m’imaginais la voir tout à coup enfoncée, et Joachim le mal-pendu s’élancer par l’ouverture, avec le reste de sa troupe. Joachim le mal-pendu n’arriva point par