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souvenirs d’un fantôme

cette issue. Vers le matin, à nones, lorsque je faisais mon service non plus de simple enfant de chœur, mais d’acolyte, je vis, parmi les fidèles qui y assistaient, un homme de haute stature, vêtu simplement, le corps enveloppé d’une longue cape de laine blanche telle que les montagnards la portent, soit dans les gorges onduleuses des Corbières, soit sur les pentes fertiles de la montagne Noire, ou dans les vallées alpines des Pyrénées. Un bonnet de laine rouge, dont la pointe recourbée pendait sur l’oreille gauche, couvrait sa tête lorsqu’il avait pénétré dans l’église ; maintenant il le tenait à la main, et l’autre s’appuyait sur un fort bâton de houx vert : je crus apercevoir, lorsque sa mante s’entr’ouvrit, une épée courte et massive attachée à un ceinturon de cuir.

Cet homme, au menton couvert d’une barbe noire et fournie, à la chevelure d’une