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souvenirs d’un fantôme

pêchai nones pour ma part, aussi lestement qu’il me fut possible. La messe qui suivit me parut longue. Oh ! comme nous autres enfants d’Adam avons hâte de courir au malheur ! on dirait que nous devons le passer en gracieusetés et en festins. Après le dernier évangile et la procession rentrée dans la sacristie, je me déshabillai de mon costume de l’autel, et, le corps serré dans une soutane noire et le bonnet monacal sur le front, je me glissai vers le cloître presque toujours désert à cette heure où les religieux prenaient leur repas. Mon œil furtif chercha l’inconnu, je ne tardai pas à le voir marcher à moi avec un aplomb, une fermeté qui m’inspirèrent une haute idée de sa personne.

Dirai-je que j’examinai son pied qui, bien que plat et large, n’avait rien de difforme ou d’infernal, et, rassuré sur ce point, je me laissai aller à l’insouciance de mon âge. L’in-