Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
316
souvenirs d’un fantôme

cevrais les voleurs qui auraient escaladé la muraille construite du côté de la campagne et que je les guiderais vers la salle du trésor abbatial.

La chose conclue, nous nous séparâmes. Avouerai-je que je passai sans remords, sans inquiétude le reste de la journée ? Une seule pensée m’occupait, celle que désormais je ne serais jamais ni serf, ni moine, mais homme libre et honnête voleur dans la plaine et sur la montagne. Je ne me rappelai ma famille, ni les bontés de l’abbé à mon égard ; je ne songeai qu’aux railleries, qu’aux malices qu’en arrière de moi, les religieux faisaient de ma personne : ils me nommaient l’enfant de l’abbé, le fils du suppléant de mon père, etc. ; et, par la mort et passion de Satan, c’était insulte qu’il fallait leur faire payer.

Le moment arriva ; je descendis dans le