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souvenirs d’un fantôme

Il y avait une heure environ que j’étais à faire ainsi le guet, lorsqu’une lueur pointa du côté du Mas ; bientôt il s’en éleva une longue flamme que d’autres suivirent ; je reconnus que mes gens avaient mis le feu, le vol fait, ou par plaisir ou par vengeance.

Bon, me dis-je, ils vont me rejoindre ! Je sifflai doucement : ceux en sentinelle, ceux aux alentours se réunirent à moi, et tous partagèrent mon contentement. Bientôt, en effet, nous vîmes accourir cinq ou six des nôtres chargés comme des mules, tant il y avait eu de butin.

« Capitaine, me dit l’un d’entre eux, la fête sera complète ; nous avons pris tout ce qui avait de la valeur, avons égorgé les gens et les bêtes, et puis allumé la paille, afin que les rats n’eussent pas à se plaindre de notre oubli. »

Je trouvai le propos gai, il me fit rire. « Où sont les autres ? » demandai-je.