Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
333
souvenirs d’un fantôme

demanda aussitôt si je me sentais malade. Je ne répondis pas d’abord, puis je tirai ma dague et l’enfonçai jusqu’à la poignée dans le cœur d’Annette ; elle mourut sans s’en douter, et, j’espère, sans souffrir.

Mes hommes, surpris de mon action, suspendirent leurs occupations diverses et se rangèrent en cercle autour de moi. Un d’eux, plus familier, me dit :

« Tu t’es bien pressé, capitaine ; et nous donc qui n’avons pas été à la pillée ? »

Je répondis tranquillement : « C’était ma maîtresse, c’était ma fiancée.

— À la bonne heure. »

Un murmure de voix s’éleva en même temps ; les dix, qui m’avaient déjà aperçu, comprirent ce qui allait s’ensuivre, et déjà ils couraient à leurs armes, dont ils venaient de se débarrasser, tandis que moi, qui ne me dessaisissais jamais des miennes, je tombai sur