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souvenirs d’un fantôme

eux à coups de sabre : ce fut un rude combat ; il y en eut qui se rangèrent de mon côté. La mêlée durait encore, lorsque nous vîmes, aux portes du prieuré, une multitude de villageois avec une compagnie de hallebardiers qui venaient à notre poursuite. Il fallut en découdre et faire face à tant d’ennemis. Ceux-ci nous avaient enveloppés ; l’attaque fut violente ; nous y succombâmes tous : on fit de nous un carnage complet ; et les assaillants ne se retirèrent que lorsque chacun de nous eut rendu le dernier soupir. Quand je revins à moi, je ressentis une fraîcheur excessive, mes yeux s’ouvrirent lentement à l’entour de moi, bien que j’éprouvasse des douleurs tellement aiguës qu’il me semblait que l’on enfonçait dans mes chairs des milliers d’épines. Je regardai donc autour de moi, et je me vis au fond d’un abîme, où l’on nous avait précipités, mes camarades et moi, tous véritablement