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souvenirs d’un fantôme

ne me permettait point de faire une telle route dans l’état fâcheux où j’étais ; que, si je voulais arriver jusqu’à sa maisonnette, il me soignerait de son mieux. J’acceptai ; il me donna le bras, et, au détour d’un coteau qui était tout proche, nous entrâmes dans le Mas : il y avait là une famille pieuse, aimant l’ouvrage et la prière, et charmée de remplir un devoir de charité. On me coucha dans un lit, après avoir lavé mon corps et nettoyé mes plaies ; on couvrit de baume celles-ci ; je fus soigné comme le Samaritain de l’Évangile soigna le pauvre voyageur que le pharisien et le publicain avaient laissé expirant.

Mais, dès que mes hôtes se furent livrés au sommeil, je vis sortir de la cheminée une figure blanche ; elle s’approcha, s’assit sur mon lit, prit mes mains dans ses mains glacées, et ne me quitta qu’au premier chant du coq, sans m’avoir dit que ces deux mots :