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souvenirs d’un fantôme

Repens-toi !… C’était Annette… Oh ! que je jouis quand le coq m’eut délivré de sa présence. Le jour s’écoula et les suivants aussi, sans que les soins de mes hôtes se démentissent ; mais, chaque nuit et à la même heure, le fantôme d’Annette revenait me tenir une triste compagnie, et ne me disait que ces paroles amicales : Repens-toi !…

Me repentir lorsque mon sang renouvelé brûlait avec plus de violence, lorsque mes muscles reprenaient leur vigueur et leur élasticité, lorsque je me sentais complètement renaître, et que mon impatience était grande de m’élancer à travers les champs pour recommencer mon existence aventurière. On se repent quand on est vieux et faible. Aussi n’est-ce pas à trente ans, et je ne les avais pas, que le diable, dit-on, se fit ermite ; il en avait soixante au moins.