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souvenirs d’un fantôme

pieds ; nous trébuchâmes dans un abîme ; chaque pointe de rocher à laquelle je touchais rouvrait soudainement une de mes anciennes blessures ; nous bondissions de choc en choc, et mes membres se brisaient et des douleurs atroces s’attachaient à chacune de mes fibres, et cependant celle qui serrait ma main ne me lâchait pas. Enfin la chute eut un terme ; nous atteignîmes le fond du précipice, et là une lueur violâtre éclairait les objets environnants ; je reconnus le lieu d’où naguère je m’étais retiré avec tant de peine, et où gisaient encore les ossements déjà blanchis de mes camarades. En même temps la cape qui couvrait la femme ma compagne tomba… : c’était Annette !… Je voulus m’écrier, la parole expira sur mes lèvres.

« Malheureux ! » me dit le fantôme, « tu n’as pas écouté mes avis, tu as persisté dans ta pensée coupable, tu n’as tué cette fois que