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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

borne à son impétuosité, se pencha vers elle, et à voix basse :

« Triomphez, madame, dit-il, jouissez de votre odieuse victoire, savourez-la ; elle doit vous être précieuse. Le vaincu n’est pas sans quelque éclat ; mais qui sait s’il ne prendra pas sa revanche et s’il ne se paiera pas en terreurs de votre part, des amertumes de ses angoisses ? Adieu, madame, je ne vous importunerai plus ; Vous apprendrez ce que peut un noble suédois outragé ! »

À ces mots, il se perdit dans la foule qui encombrait le salon, passa dans une autre pièce et délivra la comtesse de sa présence, qui réellement lui devenait importune.

Cette dame, néanmoins, aussi prudente que spirituelle, avait tu à son mari l’amour du seigneur étranger ; elle ne lui en parla pas davantage après la scène que nous venons de décrire, et elle fit bien, car le comte