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Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/55

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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

escaliers. Qui se fâchait était plus maltraité encore ; qui se montrait jovial en recevait toujours quelques petites douceurs. Les choses en étaient ainsi, et les habitants de Rollin, à peu près accoutumés aux malices du farfadet, ne s’en tourmentaient guère, et le bénissaient presque d’avoir établi son séjour parmi eux.

Voilà qu’un soir on frappe à la porte du château, un moine se présente, sale, puant, laid à faire plaisir. Dans le Roussillon, on est très pieux, et chaque fois qu’un habitant de monastère y demande l’hospitalité, il est accueilli et bien traité. On donne à celui-ci une chambre où Monsieur faisait ordinairement ses ébats. Le moine se couche ; mais quoi ? il ne peut dormir : le lit a été semé de morceaux de vergettes coupées menu ; et puis, avec une seringue, on injecte sa barbe d’une telle liqueur, qu’il infecte ses pro-