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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

ches voisins. Au point du jour, frère Hilarion se lève et se plaint de l’impiété des domystiques ; chacun se récrie, et tous, d’un commun accord, déclarent Monsieur coupable des faits et gestes dont les accusait le saint religieux.

« Un lutin ! s’écria le moine, un lutin ici, et on l’y tolère ! et on ne le chasse pas comme un misérable réprouvé qu’il est ! »

Il pérora tant, que le seigneur de Rollin consentit à ce que Monsieur fût exorcisé. Le père Hilarion, muni d’eau bénite, d’un goupillon, d’un crucifix, de trois cierges bénits, s’enferma nuitamment dans la chambre et commença ses opérations. Un bruit effroyable agita le château ; des cris lugubres, un fracas de chaînes se firent entendre. La voix du père Hilarion s’élevait par dessus, nul n’osait venir à son secours, car il l’avait sévèrement interdit. La nuit s’écoula dans l’effroi