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souvenirs d’un fantôme.

noirs et bleus, sortit un étranger. Sa taille était élancée, sa tournure noble et gracieuse ; sa démarche lente et mesurée annonçait de la souffrance ou un esprit méditatif. Il y avait dans le visage de cet inconnu quelque chose de singulier et d’indéfinissable : les traits en étaient réguliers, la forme agréable ; mais il partait de ses yeux des éclairs si aigus, et sur sa bouche errait un sourire tellement sardonique, que les regards, attirés d’abord par le charme de l’ensemble, se détournaient instantanément. Les vêtements de l’étranger annonçaient la richesse ; il y avait plus que du goût, il y avait du luxe : et, par un contraste extraordinaire, sa main gauche était enfermée dans un gant de peau noire, soigneusement attaché à l’avant-bras par des bandes de velours et des boucles d’or. On devait croire qu’une maladie quelconque nécessitait cet appareil.