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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

Un homme se présente vêtu d’une longue robe brune, garnie de menu vair, un chapeau de velours noir sur la tête, sa figure est pâle et sans expression ; il n’y a ni mouvement ni feu dans ses yeux ; il marche moins qu’il ne glisse, et le baron, l’examinant, reconnut dans ses traits ceux d’un des gardiens des archives de sa famille, mort deux cents ans auparavant, et dont le portrait décore un des panneaux de la galerie. Le maître du château, en ce temps-là, l’avait fait peindre, en récompense de son dévouement à la famille.

Cet être extraordinaire s’approche du baron ; il tenait une liasse de papiers dans sa main gantée, la pose sur le secrétaire, fait une profonde révérence, sort sans rien dire, et laisse après lui une odeur de tombeau.

Le baron, immobile de terreur, éprouve le frisson de la nuit de ses noces, et croit