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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

bitait le château de Ferdonna, avait voulu y revenir de Sarzanne, malgré le temps horrible qu’il faisait. Monté sur un cheval accoutumé à gravir les montagnes des Apennins, accompagné de quatre valets armés, il revenait, vers sa demeure, bravant les fureurs du Libeccio et les éclats de la foudre. Il était déjà au commencement du chemin tournant, par lequel on montait au château, lorsqu’il aperçut devant lui, à la lueur d’un éclair, deux hommes de mauvaise mine qui portaient dans leurs bras une personne évanouie. Les brigands auraient bien voulu l’éviter ; mais le bruit de l’ouragan était si considérable, qu’ils n’avaient pas entendu les pas des chevaux.

« Où donc allez-vous sur mes terres, paysans étrangers, » leur cria le baron, « à cette heure reculée, et pendant cette nuit dangereuse ?