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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

La nature parut d’intelligence avec le perfide ; le ciel fut sans nuage, et Alice put s’acheminer vers le lieu où Renaud l’attendait déjà. Cet homme dissimulé se promit une victoire complète, et nul frein ne devait le retenir. Il quitta son abbaye dans le même costume qu’il portait la veille ; et, suivi d’un varlet, son digne confident, il courût à l’oratoire, devançant l’heure où Alice devait y venir. Elle se montra flattée d’un si grand empressement ; et Renaud, entrant en conversation avec elle, commença à lui parler d’amour. Ce langage est si doux pour une novice bachelette, que rarement elle se refuse à l’écouter. La simple Alice n’eut garde de repousser qui lui promettait amour parfait et constance sans termes : elle ne déguisa pas non plus ce qui se passait dans son ame, et Renaud obtint la certitude qu’il serait aimé.