Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome II, 1838.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

de ce lieu fatal, elle n’avait plus son innocence, et les démons avaient juré qu’il était temps de commencer à punir Renaud de tous les dérèglements de sa coupable vie. Tant que ce perfide fut avec son amie, celle-ci ne réfléchit pas à toute la perte qu’elle venait de faire. L’amour l’entraînait encore, et elle était heureuse du bonheur de son amant ; mais cette ivresse ne dura pas longtemps. Renaud, satisfait, s’éloigna d’elle ; et alors l’illusion se dissipant, Alice connut sa faute, et en rougit jusque dans le fond de son cœur. Lorsque Renaud, à leur première entrevue, voulut la ramener dans la grotte, théâtre de sa défaite, Alice eut la force de s’y refuser. Elle fit entendre au prétendu chevalier qu’il serait temps de lui tenir la promesse qu’il lui avait faite. « Je suis votre épouse, » lui dit-elle, « devant Dieu ; je dois la devenir devant les hommes ; et si vous m’aimez, il ne