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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

avait une fête solennelle au monastère, dont Renaud était abbé. Depuis longtemps, les parents de la jeune fille avaient fait le projet d’aller à l’abbaye faire leur dévotion, lors d’une principale festivité, et celle-ci se rencontrant, ils résolurent de s’y rendre. Alice les suivit avec plaisir, ne se doutant pas du malheur affreux dont elle allait être frappée. Par une rencontre bizarre, ce jour-là même, Renaud, qui ordinairement se déchargeait sur ses religieux du soin de célébrer les offices, fut cependant contraint de dire la messe, à cause de l’importance du saint jour ; et alors il s’entoura de tout le faste dont les ecclésiastiques aimaient alors tant à se parer.

Alice, tout occupée de ses pieuses réflexions, n’avait pas encore regardé le célébrant, lorsqu’une voix connue venant frapper son oreille, elle leva les yeux, et avec