Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome II, 1838.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

porta, et, par le moyen des secrets passages qu’elle parvint à découvrir, se rendit vraiment maîtresse des lieux. Plus d’une fois il lui vint dans la pensée de punir Renaud dans la personne de ses enfants. On les élevait par les soins de leur oncle, qui était leur curateur, avec les siens ; et Alice, pénétrant dans leur demeure, sentait, par intervalles, le barbare désir de leur plonger un poignard dans le sein ; mais, au moment d’exécuter ce crime atroce, elle reculait malgré elle, et remettait sans cesse au lendemain à commettre un forfait, aussi odieux au ciel et aux hommes.

Cependant l’époque de sa délivrance arriva. Elle avait, à l’avance, préparé ce qui lui était nécessaire ; et se retirant dans les cavernes intérieures de son domicile, elle donna le jour à une fille destinée à être, comme sa mère, la plus infortunée des créa-