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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

meil agité, Marcilie la voyait se traîner à pas lents vers la couche où elle-même reposait. L’habitante de la tombe, triste et silencieuse, se penchait vers elle, et malgré ses efforts déposait sur ses lèvres un froid baiser, qui, faisant tressaillir Marcilie, la réveillait en sursaut ; alors elle eût juré qu’une lueur éclairait encore la chambre, et qu’une agitation de l’air lui donnait l’assurance qu’une personne s’éloignait de son lit. Tantôt, lorsque vers le soir elle descendait à la chapelle du château pour y faire ses prières accoutumées, elle croyait entendre auprès d’elle un soupir étouffé, ou voir sur le plancher se dessiner une ombre informe qui semblait appartenir à un corps placé derrière elle. Marcilie se retournait avec vivacité, elle n’apercevait que l’espace, ou elle rejetait sur le trouble de son imagination la vapeur qui