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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

se montre, qu’il paraisse, je veux le voir. Je douterai de la puissance dont vous me parlez si elle ne renouvelle pas pour moi les prodiges dont d’autres yeux sont les témoins. — Impie jeune homme ! ne tentez pas la Providence ! craignez d’attirer sur vous les traits redoutables de sa colère ! — Vous ne m’ébranlerez pas ! » s’écria Raoul, toujours plus emporté par son délire, « mon père, si tu es ici, viens, montre-toi, je te verrai sans épouvante, ou je taxe de mensonge tout ce qu’on nous a dit jusqu’à ce jour. »

L’insensé jeune homme n’avait pas laissé sortir ces dernières paroles de sa bouche quand, tout à coup, une commotion sans pareille ébranla le château jusque dans ses fondements. L’effroyable éclat de rire qui, parfois, troublait le calme des nuits retentit avec un nouveau bruit ; la porte de la chambre de Béatrix s’ouvrit avec violence. « Me