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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

lés et les plus sombres ; il ne s’avouait pas à lui-même ce qu’il y venait chercher ; mais l’ennemi des hommes connaissait ses pensées les plus cachées : il s’en applaudissait, et, avec une infernale joie, il se promit de le faire tomber dans les pièges qu’il lui tendrait.

Raoul très souvent allait prendre sa récréation sur une haute tour de Tarabel ; il lui semblait qu’à cette élévation son ame était moins oppressée, et qu’il respirait plus librement : c’était en ce lieu qu’il se plaisait à songer à Marcilie, à former les projets qui devaient lui soumettre cette belle personne. Là il haïssait plus à son aise son frère, dont il croyait connaître l’amour, et son cousin, dont également il soupçonnait la tendresse. Un jour que, plongé dans de profondes rêveries, il s’était rendu dans cet endroit, il s’assit sur un banc de pierre qui régnait