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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

beau se porta sur un objet placé à terre ; il voulut voir ce que ce pouvait être, et s’abaissa pour le ramasser. C’était une dague richement sculptée dans sa poignée — mais à l’instant où Raoul allait y porter la main, il sentit tout à coup l’impression d’une autre main, froide, mais invisible, qui se plaça sur la sienne, comme pour vouloir l’arrêter, et lui défendre de toucher à l’instrument avec lequel on avait tranché les jours de son père : c’était la même dague dont Alice s’était servie pour punir le traître Renaud. Tout le sang de Raoul se figea dans ses veines, et ses cheveux se dressèrent sur sa tête en éprouvant cette résistance dont la cause lui était inconnue. Il se releva précipitamment et promena autour de lui un regard effrayé ; mais aucune vision ne s’offrit à sa vue. Cependant il n’osa pas tenter une seconde fois de saisir le fer couvert de rouille.