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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

Dans son sommeil, il revoyait souvent cette femme mystérieuse dont l’étonnante ressemblance avec Marcilie l’avait naguère frappé ; elle ne lui parlait que d’amour, elle le conduisait près de son amante, elle l’invitait à la presser dans ses bras ; et quand Raoul exécutait cet ordre qui lui paraissait si doux, un coup de tonnerre se faisait entendre, le sang ruisselait de toutes parts, et le damoisel était réveillé en sursaut par l’infernal éclat de rire que si souvent il avait entendu. Peu à peu il perdait la santé ; sa gaité avait disparu ; il ne rêvait qu’à un amour qu’il ne pouvait obtenir, qu’à un bien qu’il perdait l’espérance de posséder.

Hillerain était revenu près de son maître, et il avait pris un autre caractère ; ce n’était plus le même homme ; depuis la désastreuse nuit, ses conseils ne tendaient plus à la perte de son maître ; il redoutait pour lui-même