Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome II, 1838.djvu/304

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passerai mon épée au travers du corps. »

On retint cet accès de colère, et le souper fut continué ; le pélerin ne composa le sien que d’une croûte de pain, d’une seule figue sèche et d’un verre d’eau. Cette frugalité ne nuisit pas à sa conversation, sérieuse, mais nourrie de hautes pensées ; il imposa aux chenapans, qui finirent par garder un morne silence et qui se retirèrent lorsqu’ils virent les préparatifs d’une prière en commun que l’on allait faire : ce fut en ricanant, en jurant ; en chantant des chansons obscènes, qu’ils passèrent dans leur chambre, où ils s’enfermèrent à double tour.

Le pélerin, au contraire, dirigea le pieux exercice ; sa méditation improvisée fut sublime ; on l’en remercia, et le fils de la maison le contraignit à accepter son lit en place de celui d’un domestique qu’on lui avait d’abord préparé… Tout le monde