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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

vreté, il s’en allait rêvant, à part soi, à l’avantage de la richesse, et tout en cheminant, il disait d’une manière mentale, qu’il serait bien homme à se donner au diable si le diable l’enrichissait au dessus de tous ses voisins.

Pendant qu’il roulait ainsi cette pensée sacrilège, il atteignit la lisière d’un bois et vit imparfaitement devant lui (la nuit était close) l’entrée d’une route qui s’abaissait entre deux tertres élevés, et qui avait la réputation d’être un véritable coupe-gorge ; il s’y enfonça néanmoins sans balancer, tout préoccupé de sa pensée fatale. Il y marchait déjà depuis quelque temps, lorsque le bruit d’un pas lourd se fit entendre, et lorsqu’une haleine embrasée vint frapper son oreille ; il y avait auprès de lui un voyageur à la haute stature, au visage pâle et livide, qui se mit à cheminer d’un pas égal au sien, et avec le-