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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

quel il tarda peu à entrer en conversation. Les paroles semblaient ne pas sortir des lèvres des deux voyageurs ; ce qu’ils se disaient était tout intérieur et cependant ils s’entendaient à merveille ; le nouveau venu dit à l’autre : Tu as bien raison de te plaindre de ton sort et plus de raison encore de vouloir en changer ; il dépend de toi d’acquérir de grandes richesses et de te rendre supérieur à ceux qui, jusqu’à ce jour, t’ont regardé comme au dessus d’eux. Je puis, moi qui te parle, te procurer tous les biens dont tu manques ; mais pour cela il faut du courage et de la résolution, pour cela il te suffira de te donner à moi, de m’adorer, et je te comblerai de toutes sortes de biens. Le paysan, épouvanté et devinant quel était son terrible compagnon de voyage, n’éprouva pas d’abord toute l’horreur qu’il devait en ressentir. Sa pauvreté, dont il voulait sortir à quelque